Quand tu ouvriras les yeux by Pétronille Rostagnat

Auteur:Pétronille Rostagnat [Rostagnat, Pétronille]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Harper Collins France
Publié: 2023-02-16T09:28:42+00:00

26

La pièce était exiguë, froide, sans fenêtre. Marion frissonna. Elle ne savait où poser son regard entre ces quatre murs nus et gris. Dans les séries télévisées, le suspect se retrouvait dans une salle moderne avec vitre sans tain, table, chaises et une caméra fixée dans un coin. Celle où elle se trouvait datait d’une autre époque, et l’odeur de transpiration n’invitait pas à la réflexion. Le décor de sa descente en enfer était décevant. Marion soupira. Voilà des heures qu’elle attendait sur un tabouret inconfortable l’arrivée d’un hypothétique avocat. Par réflexe, elle regarda son poignet. Sa montre lui avait été retirée, elle n’avait aucune notion du temps qui s’écoulait. Elle ferma les yeux. Elle se sentait étrangement en forme. Le Dr Frétigny avait fait des miracles lors de son passage à l’hôpital Mignot. Elle ignorait quelles molécules il lui avait administrées, mais elle avait pu dormir quelques heures sans interruption. À son réveil, elle avait avalé un solide petit déjeuner. Quand elle fut remise sur pied, les officiers de la police judiciaire purent reprendre les festivités. Sa garde à vue l’attendait.

De retour dans les locaux du commissariat de Versailles, le capitaine Bouchard l’avait installée dans cette pièce où elle patientait depuis. Elle entendit du brouhaha dans le couloir. Des bruits, des pas, des bribes de conversation, on s’agitait derrière la porte. Marion se raidit. Une femme vêtue avec élégance se présenta. Elle portait une jupe droite noire, un chemisier blanc près du corps soulignant une taille fine, le tout rehaussé d’un sautoir Chanel.

— Bonjour, madame Paillard. Je suis Pauline Carel, votre avocate.

— Euh… bonjour, maître.

— J’ai été contactée par Laurent Guillot pour vous défendre.

— Je… Merci.

— Votre ex-mari m’a expliqué les contours de l’affaire qui vous a menée entre ces murs. Nous disposons de trente minutes en tête à tête. Tout ce que vous me direz restera entre nous. Vous pouvez vous exprimer en toute liberté, et en toute confidentialité.

— Je crois que j’ai compris.

— Avant de rentrer dans le vif du sujet, laissez-moi vous exposer en quelques mots ce qui va se passer. Vous allez être auditionnée, en ma présence ; c’est-à-dire que les policiers vont vous soumettre à plusieurs interrogatoires, je serai à vos côtés pour vous épauler. Je dispose pour ma part d’une marge d’intervention limitée, car je n’ai pas accès au dossier de procédure, et je dois rester muette pendante l’interrogatoire. Toutefois, je pourrai vous intimer d’user de votre droit au silence si l’audition se déroule mal. Sachez que vous êtes libre de vous taire et de refuser de répondre aux questions. Au terme des différents échanges, j’ai la possibilité de vous interroger sur des points qui n’auraient pas été évoqués ou bien de reprendre des explications qui pourraient être mal interprétées. Cela vous paraît clair ?

— Très clair.

— Entre les interrogatoires, vous serez maintenue en cellule. Les policiers devront vous fournir à boire et à manger, et vous donner accès à des toilettes. Nous n’avons le droit qu’à un entretien par tranche de vingt-quatre heures.

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